Manger… une réponse au stress ?

L’appétit et la quantité de nourriture que nous avalons sont contrôlés par l’hypothalamus, une glande située au centre du cerveau. D’habitude, ce dernier décrypte les signaux corporels et augmente ou diminue la sensation de faim, afin de couvrir les besoins du corps en énergie. Mais des facteurs environnementaux, comme le stress, peuvent perturber la fonction régulatrice de l’hypothalamus.

Comment le stress affecte-t-il l’appétit ? Suite à un évènement stressant, les chercheurs ont constaté deux cas de figure :

  1. Une augmentation de l’envie de manger
  2. Une diminution de cette envie (effet coupe-faim)

La différence pourrait résider dans la manière dont nous percevons la situation stressante.

Dans le premier cas, si on juge qu’un évènement est « menaçant », donc qu’on a l’impression de ne pas posséder les ressources nécessaires pour faire face à la menace, le taux d’adrénaline (neurotransmetteur) dans le sang augmenterait en premier lieu, suivie par le cortisol (appelée aussi l’« hormone du stress »). L’augmentation du cortisol prépare le corps à utiliser nos réserves en énergie afin de combattre ou de fuir. A la suite de cela, l’hypothalamus, perturbé par ce taux de cortisol élevé, nous poussera à manger (refaire le plein d’énergie afin de fuir), particulièrement des aliments riches en sucre et en graisse.

Dans le deuxième cas, si on juge qu’une situation est « stimulante » (comme un challenge), donc qu’on a l’impression de pouvoir surmonter le défi, seul le taux d’adrénaline augmenterait, puis diminuerait rapidement. Contrairement au cortisol, l’adrénaline aurait plutôt un effet coupe-faim. Le stress n’est pas forcément toujours négatif. Un stress court, telle une alarme, va nous permettre de nous ajuster utilement à la situation et d’agir rapidement.

Les situations de stress « menaçantes », survenant ponctuellement et sur une courte période, n’entraineront pas de prise de poids, même si l’appétit est perturbé. Une bonne gestion du stress nous y aidera. 

Mais si nous souffrons de stress chronique, le taux élevé de cortisol perturbera de manière prolongée l’hypothalamus, lui disant d’élever la sensation de faim. L’augmentation fréquemment observée de la consommation d’aliments riches en sucre et en graisse active le circuit de la récompense. Ces aliments représentent, pour beaucoup, un moyen de calmer le stress et d’apporter du réconfort.  Malheureusement, sur le long terme, cette stratégie entraine inexorablement une prise de poids.

Chaque organisme répond différemment à un taux élevé de cortisol, certains développant plus de problèmes de santé que d’autres. Cette susceptibilité serait liée aux gènes (fonctionnements neuroendocrinien et métabolique) et au comportement alimentaire de chaque individu.

Outre l’effet négatif du stress chronique sur l’appétit, il est aussi très mauvais pour le cerveau et d’autres mécanismes biologiques : il agit comme « tueur » de neurones, diminue la capacité à utiliser notre mémoire et à stocker de nouvelles informations et augmente le risque d’apparition de troubles psychiques (tels que troubles anxieux et dépressif). Il peut provoquer entre autres une diminution du système immunitaire, une augmentation de la tension artérielle, des douleurs musculaires, de la fatigue ainsi que des troubles digestifs et du sommeil.

Comment gérer l’impact du stress ?

Différents outils sont actuellement reconnus comme moyens efficaces de gestion du stress et agissent directement sur la sécrétion d’adrénaline et/ou la diminution du taux de cortisol : la pratique de la marche ou de la course à pied (ainsi que tout ce qui nous fait bouger), la pleine conscience, la cohérence cardiaque, la relaxation, la sophrologie ou la méditation. Fait intéressant, faire (ou recevoir) un câlin ainsi qu’écouter de la musique sont également des outils anti-stress puissants. Dormir davantage, faire une sieste de 20 minutes et passer du temps en plein air représentent aussi de bonnes techniques.

L’alimentation et le comportement alimentaire comme armes contre le stress ?

Des stratégies de combat du stress peuvent être mises en place, telles que prendre une vraie pause et manger en pleine conscience dans un endroit calme, augmenter le temps de repas (minimum 20 minutes) et mâcher suffisamment les aliments.  Evitezr au maximum de consommer du sucre et de la caféine en situation de stress, ces substances augmentant la production d’adrénaline et de cortisol.

Sources :

  • Fahim Cherine (2019). La psychopathologie et ses bases biologiques, cours universitaire en Psychologie.
  • Ayotte Julien (2018). Tendance à choisir la barre de chocolat en situation de stress ? Centre d’étude sur le stress humain.
  • Société Suisse de Nutrition (SSN, 2017). L’alimentation au travail.
  • Hewagalamulage, S. D., Lee, T. K., Clarke, I. J. & Henry, B. A. (2016). Stress, cortisol, and obesity: a role for cortisol responsiveness in identifying individuals prone to obesity, Domestic Animal Endocrinology.